Le maraîcher de Thuramap s’engage encore plus dans le soutien de la biodiversité
Par notre repoter Jean-Marie Notter
Alors que nous sommes en pleine crise agricole et que le gouvernement annonce la « mise en pause » du plan Ecophyto, discréditant dramatiquement la filière bio, Cédric Koehl, le producteur de légumes et de fruits bio de ThurAmap (bien épaulé par son papa, Pierre-Paul), a choisi de réaliser une action hautement symbolique en plantant une haie en bordure de son champ de Munchhouse.
Véritable étendard de la biodiversité, cette haie doit apporter des bienfaits multiples : protéger les plantations de la proximité d’un agriculteur conventionnel utilisant des pesticides, servir de coupe-vent sur un terrain très exposé, abriter des auxiliaires – les oiseaux – qui s’attaqueront aux insectes ravageurs, fournir le pollen dont se nourriront les abeilles et même produire du bois lors des travaux d’entretien.
Après que Cédric se fut assuré du soutien de l’agence « Bio en Grand Est », qui accompagne les projets de trame Verte et Bleue, il ne lui restait plus qu’à trouver la main d’œuvre. C’est ainsi que lors de la réunion organisée par ThurAmap pour fixer les prix de la nouvelle saison, Pierre-Paul a lancé un appel invitant les volontaires à se retrouver à pied d’œuvre ce samedi 2 mars 2024.
Dès 9 heures, nous vîmes arriver les premières voitures et vers 9h30 nous pouvions compter une bonne vingtaine d’amapiens et amapiennes, armés de bêches, de fourches et de pioches, bien décidés à en découdre. Les consignes furent rapidement données : en suivant le cordeau tendu en travers du champ, il fallait commencer par creuser des trous d’une profondeur d’environ 40 centimètres, espacés chacun de 70 centimètres. Tandis que nous étions rejoints par quelques retardataires, deux équipes se mettaient vaillamment à l’œuvre sous un généreux ciel bleu.
Une perspective du chantier en début de matinée.
Bientôt, les effectifs ayant cru jusqu’à atteindre une trentaine de personnes, il fut possible de diversifier les tâches. Tandis que l’équipe de tête continuait de creuser, d’autres disposaient les plants dûment pralinés au fond des trous, suivis par ceux et celles qui remettaient de la terre, aussi fine que possible, et plantaient un tuteur provisoire aux arbres qui jalonnaient la haie. En fin de chaîne, il ne restait plus qu’à pailler avec du BRF et à disposer les protections basse et haute cellulose biodégradables destinées à protéger les jeunes plants de la voracité du gibier. Basse pour les arbustes et haute pour les arbres.
Ici, quelques précisions : le pralinage consiste à tremper les racines dans un mélange d’eau, de fumier et de terre qui favorisera l’implantation et le développement du jeune plant. Le BRF est du bois raméal fragmenté, un mélange non composté de résidus de broyage de rameaux de bois, issu majoritairement d’arbres feuillus. Le BRF remplit plusieurs fonctions : il ralentit la croissance des adventices (les « mauvaises herbes »), il conserve l’humidité du sol et finit en compost, soit en engrais naturel.
On pourrait regretter que peu de personnes aient pris le temps de contempler le spectacle qu’offrait l’entrain et la bonne humeur des amapiens et des amapiennes tandis que le travail progressait à vue d’œil. Celui qui s’en donnait les moyens pouvait observer l’admirable diversité de la main d’œuvre : plusieurs enfants d’âges variés apportaient allègrement leur contribution tandis qu’un nombre bien équilibré d’hommes et de femmes maniait indifféremment la bêche ou la pioche sous le regard protecteur de Nougat, le chien du groupe.
Toutes les bonnes volontés sont bienvenues !
Alors que la matinée touchait à sa fin, commencèrent à nous quitter ceux et celles que d’autres occupations appelaient ailleurs, tel ce papa qui voulait rentrer à temps pour partager un peu du weekend avec son fils, de passage à la maison, et qui avait tenu cependant à mettre la matinée au service de ThurAmap. Mais, lorsque les douze coups de midi retentirent au clocher de Munchhouse, le dernier plant était mis en terre et nous pouvions contempler le travail réalisé.
Sur les 500 mètres que comportera la haie définitive, nous avions largement jeté les bases d’une première tranche de 250 mètres, constituée de 250 arbustes et de 50 arbres, entre-coupée de passages pour les machines agricoles. Il restera à pailler et à poser un certain nombre de gaines de protection mais les bénévoles de ThurAmap peuvent se féliciter d’avoir accompli l’essentiel du travail.
N’hésitons pas à le redire, ici, la biodiversité n’est pas un vain mot : quelques 26 espèces différentes sont représentées !
Pour les arbustes, on trouve de l’aubépine, de la bourdaine, du cornouiller, de l’églantier, du fusain, du noisetier, du myrobolan, du saule, du sureau et de la viorne !
Les arbres, quant à eux, sont représentés par de l’alisier, du charme, du chêne, de l’érable, du noyer, de l’orme, du sorbier et du tilleul.
Alors que les plus optimistes d’entre nous se voyaient déjà en train de pique-niquer à l’ombre des arbres, Cédric et Pierre-Paul ont déchargé la table qui allait recevoir le plantureux apéro qu’ils nous ont offert !
Vous l’avez compris, le rendez-vous est pris pour achever le travail l’an prochain et il faudra que Cédric et Pierre-Paul veillent à prévoir un apéro de taille à satisfaire les cinquante travailleurs et travailleuses qui viendront alors pour ne se quitter qu’une fois toute l’œuvre parachevée.