Les pissenlits biodynamiques de Monsieur Sirlin
Par notre repoter Jean-Marie Notter
Samedi 6 avril 2024 dernier, les adhérents de ThurAmap étaient invités à se retrouver dès 9h15, sur la ferme de Monsieur Sirlin, à Heimsbrunn.
Ni le jour, ni l’heure de ce rendez-vous annoncé comme un moment de partage et d’entraide n’étaient anodins. Il s’agissait de procéder à une cueillette de pissenlits régie par les principes de la biodynamie énoncés par Rudolph Steiner, en accord avec les cycles lunaires et la période d’ensoleillement la plus favorable.
C’est pour ces raisons que la date et l’heure de l’opération ne peuvent être fixées longtemps à l’avance. Rappelons que les pissenlits doivent être cueillis au moment où ils s’épanouissent et tant que le cœur de la fleur est encore formé. Avant l’heure, ce n’est pas l’heure, après l’heure, ce n’est plus l’heure. Si bien qu’à 11 heures, les sept cueilleuses et cueilleurs ont pu rapporter les seaux contenant le résultat de la récolte, et se retrouver autour du pot offert par notre producteur de choucroute et de farine.
Il nous faut souligner que les mésaventures survenues à son bras gauche, le contraignant d’être au four et au moulin, il n’a pu nous donner le cours de biodynamie qui aurait dû accompagner cette belle expérience.
Nous allons donc nous efforcer de combler cette lacune en vous apportant quelques précisions sur les principes de la biodynamie mise en œuvre par Monsieur Sirlin.
Le but est d’élaborer un compost qui viendra enrichir le sol, la fleur de pissenlit n’étant qu’un des composants de cet engrais naturel.
Intéressons-nous donc tout d’abord à l’objet de nos soins, en nous référant aux explications fournies par Monsieur Sirlin en 2014, preuve que nous nous inscrivons dans une tradition pérenne maintenue grâce au courage et à la persévérance du fermier.
Dans un premier temps, les pissenlits sont mis à sécher lentement pendant deux mois, sur des plaques en carton, elles-mêmes disposées sur des grilles en bois. Le séchage se déroule à l’abri du soleil.
Puis, les fleurs ainsi séchées sont mises dans des sachets en papier où elles restent jusqu’en septembre.
A la Saint-Michel, elles bénéficient d’un processus de transformation dont notre producteur a le secret, puis elles sont mises à l’abri du gel, sous 30 à 40 centimètres de terre.
Quand vient Pâques, la préparation est prête et placée dans un bocal entouré de tourbe pour la conservation.
Venons-en maintenant aux autres composants du compost biodynamique.
– L’achillée mille-feuille : elle est cueillie en fleur et stockée après avoir été séchée comme le pissenlit. Elle bénéficie du même processus de transformation que le pissenlit, avant d’être mise en terre et récupérée, au printemps, après Pâques, pour être stockée comme le pissenlit.
– L’écorce de chêne : elle est prise sur l’arbre, en évitant de le blesser, et, toujours comme le pissenlit, elle bénéficie d’un processus de transformation avant d’être mise en terre à la Saint-Michel pour être récupérée après Pâques et stockée.
– L’ortie : elle est cueillie à la Saint Jean pour être mise directement en terre où elle reste un an avant d’être sortie à la Saint Jean.
– La camomille : elle est cueillie en fleur, séchée jusqu’à la Saint-Michel, puis elle bénéficie, elle aussi, d’un processus de transformation avant d’être enterrée, ressortie après Pâques et enterrée.
Toutes ces préparations, après avoir été conservées sous terre, seront ensuite placées dans une meule, large d’environ 2,50 mètres et haute d’environ 1 mètre, composée de fumier d’étable (une des raisons pour lesquelles Monsieur Sirlin élève également une trentaine de vaches Montbéliardes) et de déchets verts.
Lorsqu’elle aura reçu ses composants, la meule est couverte de jus de valériane dynamisée, c’est-à-dire que 15 gouttes de valériane sont mises dans 40 litres d’eau et brassées, en tournant une minute dans chaque sens pendant 20 minutes. Ce n’est qu’après 7 à 8 mois que le compost ainsi obtenu est utilisé dans les champs.
Notons enfin que les différents composants ne sont pas tous réalisés par un seul fermier mais grâce à la coopération d’une équipe.
N’hésitons donc pas, lorsqu’un nouvel appel sera lancé, l’an prochain, à venir gonfler les rangs des cueilleuses et cueilleurs afin d’apporter une notable contribution aux efforts des fermiers qui, contre vents et marées, ont à cœur de nous apporter une alimentation saine et de saison, susceptible de parer à l’effondrement de nos ressources alimentaires.